Sol, Antonio Da Silva

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♠ Titre : Sol

Auteur : Antonio Da Silva

♠ Éditeur : Rouergue (Epik)

♠ Année de parution : 2023

♠ Nombre de pages : 448

♠ Genre : science-fiction /dystopie

Bonjour ! Ayant la chance d’avoir une ex-libraire depuis quelques mois dans mon équipe, j’ai pu récupérer un de ses services presse qui a pas mal tourné avec les collègues. Il s’agit du magnifique Sol, d’Antonio Da Silva.


La 4ème

Aqua. Sa peau dorée, rasée de la tête aux pieds. Les membranes entre ses doigts qui lui permettent de drisser. Son dieu, Sol, et ses rayons nourriciers. Son peuple capable de faire la photosynthèse. Son armée voyageant à bord d’immenses ballons. Son île entourée de nuages de toxiques. Son monde, irradié, ravagé par de vieilles guerres. Son kidnapping par des ennemis avides de nourritures. Et toujours la survie, à tout prix, pour découvrir enfin la vérité et éviter l’extinction.

Appréciation

Deux mois que ce titre d’Antonio Da Silva est paru, et pourtant si peu de retours pour un roman si bien construit et aux thématiques si actuelles…

Aqua est une Solarienne, créature humanoïde qui se nourrit du soleil. Sur Isla, elle est protégée du reste du monde dévasté par les poussières et les vieilles guerres. Elle vit sa vie entre interactions avec sa famille, ses amis, les animaux sauvés sur l’île et Sol, nouveau nom du soleil érigé au rang de véritable Dieu, tout comme Ella, la première Solarienne. Tout s’écroule quand elle rencontre pour la première fois un « Karnis », le gentil nom que son espèce donne à l’autre, celle qui a apparemment détruit le monde…

Quelle incroyable histoire et quel incroyable sens du récit. L’auteur nous promène au départ sur l’île, puis dans les poussières, et petit-à-petit, comme Aqua, nous ouvrons les yeux et découvrons la vérité sur l’état du monde. Triste descente aux Enfers que la rencontre avec des êtres avilis, malheureux, des animaux déshonorés au même titre que les gens, une Nature anéantie et de gigantesques villes anéanties. La plongée dans la réalité crue et cruelle est très progressive, si bien qu’on oublie vite Isla et ses problèmes de natalité au profit du monde mort ; les interactions joyeuses, quand elles arrivent, nous font nous questionner sur leur vacuité… Si bien que j’ai fini par donner le roman à mon compagnon pour lui demander si la fin était heureuse. Je ne le dirai pas ici, bien sûr, mais c’est dire à quel point l’espoir m’a paru éteint…

Je dois dire que je n’ai pas forcément eu un regard très critique sur les personnages, après coup je me demande s’ils étaient tous bien définis, au-delà de leurs relations entre eux. Maintenant, je me dis que ça n’a pas forcément eu une grande importance tant j’ai été captivée (et par là, je me dis que c’était donc sûrement le cas). J’admire énormément la construction de l’histoire et l’évolution des émotions tant du lecteur que des protagonistes, Antonio Da Silva semble maître, pendant 400 pages, de la santé mentale de tout le monde ; ce qui est à la fois terrifiant et impressionnant !

Le monde qu’il crée a une cohérence incroyable que je salue avec toute mon honnêteté. Ce qui, à la première évocation, peut sembler saugrenu, se retrouve toujours expliqué avec une logique imparable. Je me suis donc retrouvée à acquiescer à tout sans concessions. Même ce qui a pu me faire le plus bondir (et notamment la violence envers les animaux) se justifie dans la continuité de l’Histoire. Je ne crois pas pouvoir dire cela si souvent… Et cette fois, d’ailleurs, la fin offre une réponse très vaste, comblant tous les questionnements que l’on aurait pu formuler tout au long de la lecture.

Et puis, bien sûr, Sol est un texte résolument engagé, comme de nombreux récits post-apocalyptiques. Interrogeant notre rapport à l’Autre, à la Nature, à notre avenir en tant qu’espèce, à notre empathie. S’il s’agit d’une histoire passionnante que l’on peut ne lire que pour la distraction, elle titillera forcément aussi votre militantisme, avec intelligence et vigueur.

Pour moi, c’est un sans-faute, et j’aimerais vraiment donner plus de visibilité à ce roman. Je le conseillerai à mes lecteurs dès l’arrivée de ma prochaine commande et prêterai mon exemplaire en attendant !

Pour ne pas me laisser plomber trop par mon attrait pour les dystopies et autres romans d’éco-SF, je pense aller faire un tour en littérature jeunesse (il me faudrait un autre Fabcaro…).

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