Torrents, Christian Carayon [Sang d’encre]

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♠ Titre : Torrents

♠ Auteur : Christian Carayon

♠ Éditeur : Fleuve (Fleuve Noir)

♠ Année de parution : 2018

♠ Nombre de pages : 334

♠ Genre : policier /thriller

Bonjour ! Après la légère déception du dernier roman de la liste du festival Sang d’encre, je me suis penché sur un autre titre qui m’interpellait par ses liens avec l’Histoire et certains de ses secrets… J’ai nommé Torrents, de Christian Carayon.

La 4ème

1984. Des morceaux de corps humains sont découverts dans une rivière qui dévale vers la ville de Fontmile. On finit par identifier deux victimes, deux femmes portées disparues depuis longtemps. La peur et l’incompréhension s’emparent des habitants, jusqu’à l’arrestation de Pierre Neyrat, un chirurgien à la retraite. Ce dernier connaissait une des victimes, l’amie intime de son fils. Il a les compétences pour démembrer ainsi les cadavres et un passé trouble. Mais surtout, il a été dénoncé par sa propre fille.

Bouleversé par ces évènements qui réveillent la douleur de la perte de la femme de sa vie et font imploser sa famille, son fils François décide alors de remonter le cours de l’histoire. Car derrière les silences, ce sont les violences de l’Occupation que Pierre Neyrat a tenté d’oublier.

Mettant ses pas dans ceux de son père, François va reconstituer ce passé dont il ignorait tout, où se sont noués les fils fragiles de son existence.

Appréciation

Commençons par la fin : j’ai trouvé ce roman excellent. Et pourtant… Il ne rentre lui non plus pas vraiment dans la case du roman policier.

Dans le premier chapitre, on nous pose la situation : des morceaux de cadavres sont retrouvés à différents points de la rivière qui suit son cours à Fontmile. Le père du narrateur est le suspect numéro 1 dans cette histoire car sa fille aînée, Marie, l’a dénoncé à la police. Mais pourquoi ? Dans une longue lettre, la jeune femme explique à son frère François les raisons de sa dénonciation. Cela permet au narrateur de douter de son père, de sa famille… Il décide alors de mener sa propre enquête et de prouver que son père, Pierre Neyrat, est innocent.

Alors que l’intrigue pourrait se centrer autour des cadavres de la rivière, elle prend la direction de l’Occupation et de l’après-guerre. Chaque détail de l’enquête policière nous est amené de manière presque anecdotique, la rendant secondaire pendant plus de la moitié du roman. J’avoue en avoir été plutôt surprise ! Mais pas dans le sens négatif. Finalement, cette enquête revient en force à la fin du roman, recollant les pièces du puzzle semées tout au long de l’intrigue.

La narration est elle aussi surprenante, puisque le roman, divisé en quatre grandes parties, donne la voix à trois personnages ; j’ai donc quitté le « je » de François avec regret dans la partie 2 pour trouver le « je » d’un ami très proche de la famille et surtout de Pierre. Mais finalement, ce qui a pu me gêner s’est vite envolé pour au final me faire apprécier ce changement de narrateur : différente manière de raconter, différents souvenirs, différent point de vue de la situation. Christian Carayon mène son transfert de narration d’une main de maître lorsque cela avait tous les risques de plonger le lecteur dans l’inconfort.

Ce qui prime énormément dans cette histoire, ce sont le silence et les secrets. François, au tout début, ment aux policiers pour protéger son père, alors qu’il n’a aucune idée de s’il est coupable ou non. Pierre se tait face à Marie, née d’un mariage précédent, à propos de sa mère et de ce qui lui est arrivé. C’est finalement l’histoire d’une famille en proie à des secrets, certains secrets terribles avoués seulement à la toute fin du roman ; en le refermant, je me suis dit que s’il y avait eu un peu de communication et de franchise entre les membres de la famille, la rivière n’aurait pas craché de cadavres… Mais ne dévoilons rien de plus.

J’ajouterai, pour terminer, que je suis satisfaite d’avoir trouvé à la fin du roman les sources que l’auteur a utilisées pour écrire son histoire. Ça m’a donné envie de fouiller un peu le passé !

Note : 

Eh oui cette fois je mets le coup de cœur ! Pour la narration originale, les histoires bien documentées de l’Occupation, les personnages qui m’ont tous beaucoup touchée… Ce roman est un régal. Merci bien !

Et vous, avez-vous lu Torrents ? Avez-vous aimé ?

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